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All world's a stage

ft. le Drama Club

and all the men & women merely players

Dernier tour de piste… Franchement, on revient de loin.
C'est ce dont j'essaie de me convaincre depuis que je suis arrivé dans la salle, il y a un peu plus d'une heure. J'avais quelques affiches à coller pour que l'ensemble soit opérationnel. Enfin.
Opérationnel.

Ces décorations n'étaient sans doute pas nécessaires, et j'y ai peut-être mis un peu trop de cœur. Mais quoi ? On fait les choses en grand ou on ne les fait pas. Je ne suis pas du genre à me contenter de peu. Toujours le maximum, et de préférence, il faut que ce soit réussi.

Et, si je puis dire, je suis à peu près certain que ma salle de théâtre fera son petit effet.

C'est bien simple ; j'y ai passé mes deux dernières semaines. Activement. Mais bon, ne soyez pas trop optimistes : premièrement, nous n'étions que deux – j'ai réussi à rallier Liang à ma cause –, et ensuite, je n'ai pas l'incroyable privilège d'utiliser Wingardium Leviosa à tout bout de champ. Oui, vous m'avez bien compris : tout à bout de bras. Et ça n'a pas été une partie de plaisir, croyez-moi.

J'ai, comme qui dirait, eu l'étrange – et très mauvaise – idée de m'aventurer dans le bric-à-brac du château. Bon. Cela reste entre moi et Liang. Et ce professeur qui est venu nous tirer d'une furieuse attaque de lutins de Cornouailles enragés ; il se trouve que les coups de dossier de chaise (ce qui m'est tombé sous la main) n'ont pas suffit à les repousser – et Liang, petite drama queen qu'il est, s'est grosso-modo contenté de hurler et de clamer haut et fort qu'il allait mourir… Ce qui n'est pas, entre nous soit dit, un très bon mécanisme de défense.

Il aurait pu nous donner des heures de retenue, d'ailleurs… Mais pour une raison obscure, nous n'y avons pas eu droit – ce qui m'arrange fortement ; je n'ai sincèrement pas que ça à faire. Quant à la morale de l'histoire, comme quoi je suis inconscient de m'aventure dans ce genre d'endroit car blablabla pouvoirs magiques, évidemment, je n'y ai pas coupé. C'est donc remarquablement agacé que j'ai malgré tout traîné nos trouvailles dehors, avec l'aide (somme toute approximative) de Liang qui tremblait encore comme une feuille. Et ensuite, nous avons réussi à monter tout ceci au dernier étage, ce qui a été long et fastidieux.
Mais nous y voici, et je n'en suis pas peu fier. Est-ce le décor de la salle de théâtre où j'ai toujours rêvé de de faire cours ? Presque. Mais une chose est sûre, c'est bien mieux que les horribles posters de champions de bavboules qui m'ont accueilli la première fois que j'y ai mis les pieds.

Le bric-à-brac est une véritablement une mine d'or. J'espérais y trouver des tentures rouges, en velours, qui pourraient être installées comme de longs rideaux factices, ainsi que de vieux costumes, potentiellement un mannequin, des tableaux… C'est chose faite, à un détail près : mes rideaux ont tronqué le carmin idéal contre un violet vibrant, qui ne me déplaît pas. J'ai même déniché un guéridon, magnifique, qui porte désormais un crâne (factice ? je n'en sais rien) de forme humaine, rappelant notre cher ami Hamlet et son long monologue existentiel.
Est-il nécessaire de préciser que j'aurais voulu repeindre les murs, mais que l'administration me l'a fermement interdit ? Raison de plus pour remplir ces grandes façades blanc moche d'images, posters animés, tableaux poussiéreux…

Parmi eux – une petite dizaine, plus ou moins grands – quatre sont vivants. Le premier représente un homme en redingote, début XIXe, avec une longue moustache et un air mystérieux. Il est un peu lugubre, celui-ci, et lorsque l'homme accepte de nous adresser la parole, c'est pour déblatérer un anglais dix-neuvième que j'ai du mal à saisir – Liang parvient néanmoins à entretenir des conversations très concrètes avec lui. Il paraît que c'est un chic type, et qu'il nous est très reconnaissant de l'avoir sorti de son trou.
Il y en a un autre, une grande dame, avec une robe bleutée, Renaissance, et une coiffure très recherchée. Elle dit venir de la Cour et avoir un jour appartenu à la Régente. Son ancien français la rend tout à fait incompréhensible par moment – et elle a cette manie de mâcher ses mots. Les autres s'apparentent plus à des scénettes de grands jardins verdoyants où se promènent de temps à autre quelques silhouettes classiques dans un paysage calme et rassurant. Il y a écrit Carmontelle, au dos des toiles… Je me demande si ce n'est pas un peintre moldu célèbre… Pas si moldu que ça, finalement.

Bref, avec Liang, nous avons accroché tout ce beau monde avec application, et décoré le reste de fausses affiches de spectacles sorciers – celles généralement célèbres des premières de grandes pièces du XXe siècle. L'affiche du Chaudron Jacasseur de 1912 en fait notamment partie, très colorée, réalisée dans les codes esthétiques de l'époque… Puis il y a aussi la Dame aux Mandragores, magnifique sérigraphie que je me suis procurée pour seulement quelques bézants. Et bien d'autres, bien sûr, tant que les murs en sont tout à fait saturés.
Nous avons également trouvé des chaises, en assez bon état depuis que Liang a essayé de les réparer : une petite dizaine en tout, ainsi que toute une série d'accessoires et de très vieux costumes – qui ne sentent pas la rose – désormais entassés dans une grande caisse. Je n'ai pas hésité à habiller le mannequin de couturier d'une vieille robe défraichie, mais non moins élégante, pour faire joli.
Enfin, en me rendant à Paris le week-end dernier, j'ai trouvé de petits luminaires flottants, que j'ai immédiatement achetés pour les disposer dans la salle : ils projettent désormais une lumière chaleureuse, pour une ambiance tamisée.

En un mot : nous nous sentirons bien, ici, tous les vendredi soirs. Du moins, je l'espère.
Faut-il que des gens viennent…

Liang a posté l'annonce sur les réseaux sociaux il y a deux semaines ; il a reçu quelques réponses positives. Si j'avais râlé au début quant à l'initiative, je dois dire être impressionné de son efficacité.
Bien sûr, de mon côté, me préparant à cette seconde ouverture que j'espère sincèrement voir réussir, j'ai prévu quelques activités… Ou plutôt une, en particulier, pour cette première séance. Mais avant tout, il sera sans doute mieux de prendre le temps de faire connaissance avec tout le monde…

Est-ce une pointe d'appréhension qui serre ainsi ma gorge ? Voyons, je ne suis pas aussi timide et malassuré, d'habitude… Ou est-ce plutôt la pression de réussir ? Sans doute.
Au-dehors, alors qu'il fait nuit noire, sonne la cloche de l'école. Vingt-et-une heures… J'espère qu'ils n'ont pas oublié. Parfois les repas s'éternisent… Moi-même je l'ai quitté bien plus tôt…
Personne encore, à l'heure pile. L'angoisse commence à prendre le dessus.

Mais ça va aller, n'est-ce pas ? Oui. Et puis… Et puis si j'échoue, au moins, j'aurais essayé.

C'est bien mignon, ce genre de belles phrases pour se dédouaner, mais je sais pertinemment que je ne me pardonnerais pas. C'est que j'aurais fait quelque chose de travers, évidemment.

La porte est grande ouverte. Le rideau se tire.
En scène, maintenant.

Si quelqu'un avait dit à Rowann qu'il franchirait un jour les portes du club de théâtre, il ne l'aurait probablement jamais cru. Après tout, quelqu'un comme lui n'a absolument rien à faire dans un endroit pareil, non ? Certes, Rowann aime le théâtre, que ce soit à lire ou à admirer depuis les gradins. Mais ça s'arrête là - monter sur les planches, ce n'est absolument pas pour lui. L'unique fait de s'imaginer seul, au beau milieu d'une scène, tous les regards tournés vers lui, suffit à lui donner des sueurs froides. Et d'une certaine façon, c'est tout ce que représente son Epouvantard : ne foule le fixant et se moquant, le pointant du doigt en clamant à quel point il est ridicule, à quel point il fait pitié. Rowann a conscience de ses limites, et celle-ci est l'une des principales. Or donc, malgré tout son intérêt pour le théâtre, il préfère demeurer lecteur et spectateur - hors de la portée des regards et des railleries. Bien évidemment, il n'a pas loupé l'annonce de l'ouverture du Drama Club - comment aurait-il pu, étant donné la publicité qu'en a fait Liang-Xue. Il ignorait d'ailleurs que son ami Dandeloup était lui-même friand de ce genre de chose. Cela dit, le taiwanais est doué pour l'acting, alors un club de théâtre paraît idéal pour lui. Et pour aider ce nouveau club à démarrer, il n'y est pas allé de main morte. Publication sur Amstramgram, tentative de recrutement dans les couloirs... Et bien sûr, corruption au sein de son cercle d'amis ! Evidemment, Rowann a décliné son offre à l'instant même où elle lui a été adressé. Il a beau beaucoup apprécié Liang, c'est vraiment au-delà de ses forces. Et son ami semblait l'avoir bien compris, acceptant son refus sans chercher à lui forcer la main.

Jusqu'à ce matin, où Liang-Xue a de nouveau tenté sa chance, tout en mesurant ses propos. Il ne l'invitait non plus à rejoindre le club, mais au moins à venir y jeter un oeil, pour se faire une idée. Une idée de quoi, Rowann ne saurait vraiment le dire, d'autant que sa décision est prise depuis un moment déjà. Néanmoins ... qu'avait-il à perdre, de toute façon ? Il pourrait peut-être y faire des sympathiques rencontres, et converser avec d'autres passionnés. Du moment qu'on ne le met pas sur scène, il n'y a au final aucun mal à assister aux répétitions. Ainsi a-t-il finalement donné son accord à son ami, tout en lui faisant promettre de ne pas le prendre en traître. S'il venait à devoir répéter ne serait-ce qu'une réplique, il le lui ferait payer...! Des paroles en l'air, évidemment, parce que pour rien au monde il ne ferait du mal à un ami si fidèle. Lui et Jean-Loup sont devenus des piliers de sa vie depuis le début de l'année. D'ailleurs, l'évolution de sa relation avec le québécois le laisse encore tout retourné. S'il se pose mille questions concernant tout cela, il accueille chaque nouveau jour avec beaucoup plus de gaieté qu'auparavant. La routine ennuyante et dénuée de saveur dans laquelle il était enfermé depuis bien trop longtemps a finalement été bouleversé par cet amour naissant, libérant des nuées de papillon dans son estomac... Il en a connu, des crushs. Mais la première amourette partagée avec quelqu'un d'autre ... c'est tout de même d'un tout autre acabit. Et évidemment, ça ne le laisse vraiment pas insensible.

Enfin. L'heure n'est non pas à l'amour et aux papillons, mais plutôt aux tirades et aux proses. Quelque peu angoissé bien malgré lui, Rowann s'approche de la porte menant au club de théâtre. Il n'est pas encore tout à fait vingt-et-une heures, alors il craint de passer le seuil et d'être le premier arrivé alors que, de toute évidence, il ne compte absolument pas participer. Il épie les couloirs, guette les bruits de pas... Bon... Il ne va pas rester planté là des heures, si ? D'ailleurs, s'il faut, ils sont déjà tous arrivés et il attend dehors comme un crétin. Il tente bien de coller son oreille contre la porte pour capter le moindre bruit prouvant la présence de personnes vivantes de l'autre côté, mais il n'entend pas grand chose. Nerveusement, il tire son Imagix de sa poche et avise l'heure affichée sur son écran. 20h58. Il attend encore deux minutes, histoire qu'il se pointe bien à l'heure du rendez-vous, et il entre. En espérant, encore une fois, qu'il ne sera pas le seul idiot à se pointer. Si Liang lui a fait faux bond, il va entendre parler du pays...! Cependant, ce ne sont pas dans les habitudes du Dandeloup. Il va arriver. Ou bien il est déjà là. Mais étant donné le silence qui plane dans le couloir... Rowann en doute. Sincèrement.

La cloche de l'école résonne dans Gargoule toute entière. Brusquement, la porte face à Rowann s'ouvre en grand, l'invitant à la traverser et à plonger dans la salle derrière. Le Célénor ne réfléchit pas davantage, et se glisse à l'intérieur, à pas de loup, comme s'il craignait de se faire taper sur les doigts. Il n'y a pas un bruit dans la salle. Même les portraits accrochés sur le mur, au milieu de vieilles affiches de théâtre, demeurent silencieux. Si Rowann croise le regard d'une femme en robe bleue, elle ne pipe pas mot, lui donnant l'impression d'un tableau moldu - inerte et aphone. Il balade alors son regard un peu partout dans la salle, apercevant d'abord les épais rideaux violets, puis le crâne humain trônant sur un guéridon d'époque. La référence lui arrache un petit sourire. Être ou ne pas être... Puis, enfin, une tignasse brune, de toute évidence aussi sauvage que la sienne, envahie son champ de vision. S'il ne saurait donné le nom de ce garçon, sa ressemblance avec le directeur de l'école est trop frappante pour ne pas comprendre qu'il s'agit-là d'un Feudeymon. Il semble jeune, bien que Rowann soit la preuve qu'il ne faut absolument pas se fier aux apparences. Mais surtout, comme il le craignait ... il n'y a qu'eux. Personne n'est arrivé quelques minutes en avance. Voilà qui est bien sa veine. Impossible de faire demi-tour maintenant, d'autant que le Feudeymon l'a vu. Alors Rowann se masse un peu la nuque, gêné, et salue le jeune homme planté devant lui :

▬ Euh. Salut. J'ai été invité par Liang pour venir voir donc euh... me voilà ? Moi c'est Rowann. Enchanté.

Ca aurait pu être mieux mais ... ça aurait aussi pu être pire ? Du Rowann tout craché, de toute évidence.

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*Tableau inventaire*	1
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*Tableau des sortilèges (ordre alphabétique SVP)*
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*Tableau des sortilèges (ordre alphabétique SVP)*
1	fuck
2	la
3	magie
4	et
5	surtout
6	vos
7	sales
8	baguettes
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*Tableau des sortilèges (ordre alphabétique SVP)*
1	Accio
2	Allohomora
3	Expelliarmus
4	Expulso
5	Flipendo
6	Lumos
7	Nox
8	Recurvite
9	Reparum
10	Riddikulus
11	Spero Patronum
12	Ventus
13	Wingardium Leviosa
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*Tableau des potions (ordre alphabétique SVP)*
1	Goutte Baillon
2	Herbicide
3	Potion d'aiguise méninges
4	Potion d'amnésie
5	Potion d'Enflure
6	Potion de Ratatinage
7	Philtre de Conf
8	Philtre de Paix
9	Remède Furoncles
10	Vapeur de fatigue
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