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magiques

Le temps confirme l'amitié.

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Septembre 2021:

C'est assez agaçant. Est-ce que je ne fais pas assez d'effort ? Non, ce n'est pas cela. Je m'applique sur cette section-là autant que sur les autres. Alors qu'est-ce qui ne fonctionne pas ?! Je ne saurais le dire, mais cet été, mon peu de connaissance et de performance envers les créatures magiques m'ont valut plusieurs réprimandes. Je n'expliquerais pas en quoi, ni comment, cela concerne ma propre vie, mes propres vacances, mais une chose est sûr : Même si les créatures ne font pas parties du cursus d'Auror, je me dois de savoir tout ce qu'il faut savoir dessus. Quel heureuse surprise alors que de voir que cette année, le professeur -stagiaire, mais ce n'est qu'un titre- de soins aux créatures magiques, n'est autre que Toma Murakami. Il aurait pu me prévenir quand même non ? D'un autre côté... J'aurais pu aussi lui poser la question de ce qu'il comptait faire cette année... Il faut dire que depuis son accident nous nous étions parler qu'en léger coup de vent.

15h21

Direction les remparts et la cour intérieur. Il y est, je le sais, on me l'a confirmé. C'est habillé de ma robe de sorcier aux couleurs de ma maison que je me rends jusqu'à lui, mon sourire habituelle habillant mon visage quand je m'incline respectueusement.

"Bonjour Professeur. Puis-je vous demander un peu de votre temps s'il vous plait?"

Cela fait étrange de le vouvoyez et de l'appeler Professeur, mais les règles sont les règles. Nous, élèves, devons montrer respect et politesse à nos supérieurs et je ne déroge jamais des règles. Hors... Certaines exceptions bien sûr.

Quand j'y pense, il y a bien longtemps, je l'avais déjà vouvoyé, quand nous étions plus jeune et que je le considérais simplement comme un aîné.Et puis on s'était rapproché et le tutoiement avait pris la place. Je plonge un peu dans les souvenirs, une époque bien lointaine ou j'avais faillit refaire une bêtise d'autre fois, ou j'avais douté un peu de tout, ou j'avais chercher un exécutoire d'une bien étrange façon. Heureusement, le temps avait fait que tout se remette sur le droit chemin avant que le malheur n'arrive.

Je ne dirais pas que je n'étais pas heureux de le revoir. Je l'aime bien, ce Toma. Il n'est pas difficile, ni ennuyant. Et surtout il s'y connait dans le domaine qui me fait défaut. Autant tenter de faire d'une pierre deux coups, ressouder une ancienne amitié et améliorer mes performance.

Codage par Libella sur Graphiorum

ft. Louis Bridou

Le temps confirme l'amitié

Il était drôle, ce changement de perspective… Oui, très drôle.
Toma sentait s'insinuer en lui un extraordinaire sentiment de liberté, mêlé à une angoisse tenace qui fourmillait dans ses membres et rendait sa respiration plus lourde.
La cour intérieure était déserte ; les élèves n'avaient pas encore repris leurs habitudes… Les salles d'études, elles aussi, demeuraient étrangement silencieuses. Il avait eu le temps de les traverser d'un pas discret, un quart d'heure plus tôt. Observer ces alignements impressionnants de tables lui donnait toujours l'impression d'être retourné des années en arrière, comme s'il s'était pris à jouer avec un retourneur de temps… Mais le crissement léger de ses doigts métallisés sur le bois veiné des bureaux le ramenait à une réalité toute autre.
La sienne.

Un long soupir mit fin à la nostalgie qui lui sautait soudain au visage. Oui. Il était là. Et il serait là pour longtemps, encore. Peut-être même pour toute sa vie.
Il ne savait pas s'il était prêt pour ça. Pour ce poste, pour assumer tous ces regards qu'il sentait désormais braqués sur lui. Pour ce travail, enfin, si différent de celui qu'il s'imaginait endosser dans un futur proche.
Mais il était là. Pour de bon. Et cette année, il allait bien falloir la mener de front, sans rechigner. Feudeymon lui faisait confiance ; il ne pouvait pas le décevoir.

Toma se leva du banc où il s'était laissé tomber quelques minutes plus tôt, gagné par le vertige que lui inspirait sa position. Il fit les cent pas dans cette large cour, profitant de la légère brise post-méridienne qui caressait doucement son visage. Cet endroit avait toujours eu quelque chose d'apaisant ; le glougloutement de la fontaine, la couleur pastel des pavés, et puis ce ciel souvent nuageux, magnifique, qui s'étendait au-dessus de lui avec cette majesté qui était commune à toute la région. Il observa un long moment ces grands rois de cotons, parfois un peu grisâtres, qui voyageaient sans cesse, survolant le monde.
Lorsqu'il était encore élève – bien que ses études n'étaient pas encore tout à fait achevées – il aimait venir s'assoir à même le sol, profiter de la chaleur moite que renvoyaient les pierres, une fois le soir venu, et observer la voûte céleste en silence. Parfois, il allumait une cigarette et fumait avec sa vieille amie la solitude… Puis, une fois le mégot consumé, il retournait à l'intérieur et poursuivait ses travaux à la lumières des petites lampes individuelles…

Ce rituel d'étudiant familier des lieux allait lui manquait. C'était peut-être pour cette raison qu'il était venu se ressourcer ici, avant son dernier cours de la journée. Prendre une bouffée de courage et de nostalgie pour mieux faire son travail. Ce n'était pas aussi facile qu'il se l'était imaginé… Mais d'un autre côté, il était heureux de ne pas trouver son titre de professeur trop embarrassant. Ce n'était pas si terrible, finalement. Et il s'en sortait… Relativement bien. Malgré quelques erreurs de débutant qui ne se reproduiraient certainement plus à l'avenir.
Ah, il lui fallait apprendre à se laisser du temps. Tout ne pouvait pas être parfait du jour au lendemain. C'était ainsi, et il ne pouvait rien y faire.

Soulevant le pan de sa robe de sorcier typiquement japonaise, il prit son téléphone qu'il consulta avec une certaine lassitude. Sa messagerie était vide… Eddy ne lui avait pas répondu. Un air sombre glissa un instant sur sa figure peinée ; mais il ravala sa déception comme on avalait un médicament trop amer. Depuis qu'il était revenu à Gargoule, le dragonologiste ne lui avait pas donné signe de vie… Toma le savait boudeur, et essayait de se convaincre de ne pas s'inquiéter, mais c'était plus fort que lui. Depuis le début de la semaine, il lui avait déjà envoyé une bonne dizaine de messages, tous plus désespérés les uns que les autres…
Le rouquin devait sans doute s'en réjouir ; se moquer de lui, là où il était… Il l'imaginait se délecter de sa souffrance, et cela le faisait frémir ; une boule de chagrin obstruait sa gorge… Il ne comprenait pourquoi ce garçon qu'il aimait, et dont il pensait être un tant soit peu apprécié, lui infligeait un tel traitement. Il ne méritait pas de subir cette morosité quotidienne, et la culpabilité pernicieuse qui l'accompagnait, venue de nulle part.
Toma faisait ce qu'il avait à faire, voilà tout. Si ses choix ne convenaient pas à Eddy, ce n'était pas de sa faute, il n'avait pas à se formaliser. Dis-le à mon cœur.

Toma se perdit dans les méandres de l'internet sorcier, l'esprit préoccupé par les récents évènements, les cours qu'il devaient préparer, son amant qui ne lui répondait plus, le programme qui n'avait été distribué aux élèves… Tant qu'il n'entendit pas les pas se rapprocher de lui. Il se laissa donc surprendre en pleine réflexion intérieure par une voix étonnamment familière mais qu'il ne parvint pas à reconnaître dans l'immédiat… Du moins, pas avant d'avoir dévisagé le jeune homme qui lui souriait gentiment, après avoir fait une courbette sans doute un peu moqueuse. Ce sourire, toujours le même, pensa-t-il avant de le lui rendre avec langueur, peu enclin à se montrer particulièrement jovial en cet instant précis.
Professeur. Et il le vouvoyait. En deux mots, il lui semblait avoir pris vingt ans ; déjà, la jeunesse innocente et fougueuse s'estompait pour laissait place à une figure d'adulte sérieux et professionnel. C'était démoralisant.

━ Louis. Bonjour. Comment vas-tu depuis la dernière fois ? Il s'efforça de lui faire face, sans ciller. S'égarer dans ses prunelles serpentines… Il n'était jamais parvenu à sonder ce regard. Mystérieux. Hermétique. Pas comme le sien, qui devait s'apparenter à un livre ouvert, bien malgré lui. Ça remonte. L'année dernière, j'ai beaucoup bougé avec les études, alors… Enfin. S'il-te-plaît, continuons de nous tutoyer, on se connaît bien, non ?

Pas vraiment, en fin de compte. Il y avait bien eu cet égarement en seconde année de licence… Mais rien de plus qu'une erreur ; une erreur qu'il n'aurait pas même pu qualifier d'aventure. Louis était un beau garçon, mais pas le genre qui le faisait vibrer. Ils avaient essayé, cela n'avait pas marché… Ce n'était pas bien grave.
Aujourd'hui, ils se considéraient comme de simples connaissances, qui avaient été très proches à un moment précis de leurs vies ; une période où la tendresse devait leur manquer à tout les deux. Vacuité qu'ils n'étaient visiblement pas parvenus à combler.
Toma eut un petit rire en s'entendant parler ; il n'avait encore rien d'un professeur. Toujours à se justifier, à chercher les moindres petits morceaux de sa vie étudiante pour les conserver jalousement ; ne surtout pas s'en séparer. Il n'était pas prêt de raccrocher avec les bonnes tranches de rires et l'insouciance des années précédentes.

━ Excuse-moi. Ça me fait drôle, tu comprends ? Alors, tant que je ne suis pas ton prof… Autant ne pas changer les mauvaises habitudes.

Il toucha nerveusement au col de sa robe noires, où des broderies dorées filaient sous ses doigts, fuyardes… Il aimait ces vêtements enchantés ; sa mère lui en achetait fréquemment. C'était bien ses seules marques d'affection.

━ Qu'est-ce qui t'amènes, Louis ? Tu es venu pour me demander quelque chose, non ? Et je t'ai coupé. Quand je te vois, c'est toujours pour me demander un service. Je t'écoute.

EPSILON

Le temps confirme l'amitié.

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Il n'avait pas changé. Toujours ce petit air sympa, son regard transparent qui laisse le libre accès à ses pensées, ses excuses pour tout et pour rien, son besoin de sortir tout un tas de phrase pour quelques mots. C'est peut-être pour ça que j'avais pensé à un moment que c'était peut-être lui, mon âme-soeur. Parce qu'il est criant de douceur et de vérité dans un corps protecteur... Tout mon contraire...

Je garde mon sourire sur mon visage à ses paroles. Il ne grandit pas, ne réduit pas non plus. Un simple sourire, normal. Sa demande m'embête pourtant mais cela ne se voit pas spécialement, hors peut-être par mon regard qui se détourne un instant pour réfléchir... Le tutoyer va à l'encontre des règles de respect et politesse envers le corps enseignant non ? D'un autre côté, si c'est sa demande, cela ne passe-t-il pas au dessus ? Je ne le sais pas trop. C'est à réfléchir et j'ai le temps pour ça vu qu'il reprend la parole.

Il n'a pas tords sur la raison de ma venue mais cela m’ennuie quelque peu. Est-ce ainsi qu'il me voit ? A ne passer le voir que par besoin ? Ce n'est pas spécialement faux mais c'est pas le mieux pour moi. Difficile d'être vraiment aimer si on pense que je ne suis qu'opportuniste. Je vais devoir mieux travailler se côté là de mon social surtout que si, je m'intéresse toujours un peu à lui.

"J'aime respecté les règles et celles-ci stipulent l'obligation de montrer de respect et de la politesse pour les enseignants, le tutoiement ne me parait pas vraiment approprié... Mais... Il se peut que je puisse faire une exception pour toi hors des cours."

Oui je pense que je peux faire l’effort pour lui... L'effort pour une ancienne amitié... L'effort pour le besoin...

Lentement, je secoue la tête, croisant mes bras derrière mon dos pour rajouter tout tranquillement.

"Je suis venu te féliciter pour ton nouveau poste. Professeur stagiaire de soins aux créatures magiques, cela te vas bien. Tu as toujours été très doué dans ce domaine, bien plus doué que moi malgré tout mes efforts, comme si tu étais doté d'un don. J'envie un peu tes élèves."

Toma avait toujours eu des facilités dans ce domaine contrairement à moi qui galérait. Personnellement je n'avais aucune haine ou rancune envers les bêtes mais celles-ci semblaient toujours me détester sans raison. Même Pilpoil me jugeait parfois de son regard vitreux sans que je n'en comprenne la raison. Je le traitais plutôt bien pourtant, le laissant vivre sa vie comme il le souhaite et lui laissant de la nourriture à volonté.

Codage par Libella sur Graphiorum

ft. Louis Bridou

Le temps confirme l'amitié

Peut-être un peu trop abrupt…? Toma s'apprêta à s'excuser, puis il se ravisa. Après tout, ce qu'il venait de dire dans l'élan d'une spontanéité soudaine avait le mérite d'être sincère. Louis faisait bel et bien partie de ces personnes qui se rappelaient aux autres lorsqu'elles avaient besoin d'eux. C'était la triste vérité, et on ne pouvait rien à faire, si ce n'était choisir son camp. Eddy l'aurait envoyé sur les roses. Qui s'y frotte s'y pique. Et lui… Il n'avait rien trouvé de mieux que de lui dire noir sur blanc ce qu'il pensait de leurs rares discussions. Pathétique.
Le nippon savait qu'il l'écouterait quand même, et qu'il accepterait sans doute de l'aider. L'inefficacité à l'état pur. Tu te laisses bouffer… Oui, il se laissait complètement avoir, et les années n'arrangeaient rien à cette bonté maladive. Ou peut-être les vestiges d'une politesse japonaise : toujours servir son prochain, ne pas rechigner. Si quelqu'un te giffle sur la joue droite, tends-lui la gauche. Il lui faudrait peut-être apprendre à dire non s'il ne voulait pas que ses élèves en profitent…
Mais Louis n'était pas un élève ; Louis était ce jeune homme qu'il avait cru aimer un temps avant de réaliser son erreur… Louis, c'était ce point d'accroche dans le passé ; un morceau de ce miroir brisé qui lui renvoyait le reflet de ce qu'il était avant. Et Merlin savait à quel point il avait pu changer…
Les éclats de rire, les soirées endiablées, les sorties entre amis et les dragues ouvertes… Tout ceci était bien loin, désormais. Il restait le fond, la forme. Et beaucoup moins d'insouciance. Le reste était à reconstruire. Un nouveau départ… Une autre chance de se réinventer.

Ses prunelles sombres cherchèrent une réaction chez leur interlocuteur ; la neutralité stricte de son regard l'impressionnait ; Toma cilla un instant, détourna les yeux, observa distraitement la cours, soudain un peu embarrassé… Au fond, il ne comprenait pas d'où lui était venue cette soudaine franchise. Ce besoin de lui dire ce qu'il avait sur le cœur, de faire preuve de cette honnêteté qui pourtant lui faisait si souvent défaut… D'habitude, il se défilait, préférait changer de sujet lorsqu'on lui demandait d'être franc, de ne pas se débiner…
Il sentit une vague de lassitude s'emparer de lui ; la pression de son nouveau poste, la déception et la rancune qu'il ressentait vis-à-vis d'Eddy… Tout autant de facteurs qui le poussaient dans ses retranchements. Un soudain besoin d'extérioriser, rien de plus, rien de moins.
Il n'allait pas s'excuser. C'était dit ; et c'était bien dit.

Aussi Toma décida-t-il de soutenir son regard froid, pensant soudain que Louis n'avait pas changé, qu'il était toujours aussi rigide, que son obsession des règles et des protocoles le tenait toujours enfermé dans son carcan de verre… Une éducation trop stricte, sans doute, qui ne lui avait pas appris à vivre autrement… Parfois, il avait l'impression de se reconnaître, lui, quand il était encore enfant.
Les paroles de l'étudiant forcèrent un petit sourire ; comme attendu. Le tutoyer serait un effort surhumain pour ce garçon qui voyait désormais en lui l'autorité, le haut de panier, le sommet hiérarchique. Les usages, toujours les usages… Comment pouvait-il être si coincé…?
Il laissa finalement échapper un petit rire en entendant sa dernière phrase, et opina doucement du chef : un pas en avant. Il aurait droit au tutoiement en-dehors des cours ; c'était un véritable exploit, venant du fils Bridou.

━ Hmm hmm. Ça ne va pas te tuer, j'en suis certain.

Et la suite… Toma aurait pu la prédire en se prétendant devin. Il ne s'attendait pas à ce que Louis admette qu'il était uniquement venu pour lui poser une question ou lui demander son aide. Non. Toujours tourner autour du pot, noyer le poisson… Voilà donc qu'il s'était senti d'humeur amicale et qu'il désirait le féliciter. Vraiment ?
Le nippon en aurait presque été flatté si les éloges n'avaient pas pris un tour si prévisible… Il soupira doucement, et lui répondit avec une certaine lassitude, répétant mot pour mot ce qu'il venait de lui dire :

━ J'ai toujours été très doué dans ce domaine, bien plus que toi malgré tous ces efforts. Alors, tu envies mes élèves… Et tu aimerais bien en faire partie, n'est-ce-pas ?

Son regard gagna en intensité et se chargea d'une lueur taquine. Il retrouvait sa bonne humeur en s'amusant à deviner les intentions de son interlocuteur. Louis était particulièrement énigmatique, mais il agissait selon des codes qu'il connaissait par cœur. L'étudiant était réglé comme du papier à musique… Jamais une fausse note, toujours la même partition.

━ Allez quoi, Louis… Vas droit au but. Tes résultats sont mauvais en Soins aux Créatures Magiques et tu veux que je te donne un coup de main comme la dernière fois parce que tes parents t'ont tiré les bretelles… C'est comme ça que l'on dit ? Tirer les bretelles… Ou c'est tirer les oreilles, non ? J'ai un doute sur l'expression. Mon copain l'emploie souvent, mais je ne suis toujours pas capable de la retenir.

Toma afficha une petite moue amusée ; parfois, il avait son français sur le bout de la langue, et il hésitait. Était-ce le bon mot, la bonne prononciation…? Il le parlait désormais sans trop de fautes, gommait ses intonations japonaises du mieux qu'il pouvait…
Le français était devenu sa langue chérie, celle de son pays d'adoption ; il aimait le pratiquer, le perfectionner et en éclaircir les moindres zones d'ombre.

━ J'aime bien vos expressions, à vous, les français. C'est toujours très imagé… Comme par exemple "crache le morceau". C'est amusant.

EPSILON

Le temps confirme l'amitié.

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Techniquement en effet, le tutoyer n'allait pas littéralement me tuer mais c'était en soit une entorse aux règles tout de même... Et il n'y a pas de petite entorse. On le fait une fois, on se dit que ce n'est rien, puis encore, et encore, et sans que l'on s'en aperçoive, les règles, finalement, on les a toutes enjambées. On glisse alors dans le mal... On devient le mal... C'est un peu comme les loup-garou en faîte. Au début, ce n'est qu'une petite morsure et par le temps qui passe, par le chemin de la lune, vous devenez une bête sanguinaire et sans aucune pitié. Je n'aime pas cette idée de le tutoyer, pas du tout. Mais... Disons que ce sera pour atténuer cette sensation qu'il a que je ne vienne le voir que par besoin ? J'ai l'impression que c'est plus pour me rassurer qu'une véritable raison... Je ne suis pas vraiment sur de tenir ce tutoiement dans le temps.

Je ne suis pas étonné que Toma comprenne vite les petits sous-entendus de mes félicitations mais j'aurais préféré qu'il y réponde autrement. de façon plus.... noble ? J'aurais pu peut-être le prendre mal d'ailleurs si il n’avait pas ce regard taquin et si je ne savais pas qu'il n'y avait rien de méchant la dessous. D'ailleurs, je ne peux m'empêcher de le reprendre sur sa façon de parler, mais toujours avec ce sourire et ce ton totalement neutre.

"Tirer les oreilles. Cette expression semble être née à la fin du XVIe siècle, mais fait référence à l'époque romaine pendant laquelle les mauvais payeurs étaient traînés devant les tribunaux par l'oreille. Il semblerait par ailleurs qu'elle ai été à l'origine de la création des oreilles a rallonge qui au début n'était fait que pour prendre aux pieds de la lettre cette expression avant qu'elle ne soit détourné pour servir de matériel pratique pour espionner les conversations."

Cracher le morceaux. Oui, je pourrais lui dire simplement que j'ai besoin de son aide pour les cours... Mais... Je ne peux pas. Un Bridou ne demande pas d'aide.... Demander de l'aide, c'est être faible. Je relève une main sur mon menton, réfléchissant avant de reprendre, essayant de tourner ma demande de façon moins... Suppliante.

"Cracher le morceaux... je ne sais pas l'origine de celle-là mais tu l’emploi bien. Pour en revenir à vos paroles, en effet, je garde de profonde difficulté dans cette matière malgré mes efforts et cela m'a valu quelques réprimandes. Je ne serais pas contre quelques cours particulier surtout avec un... une connaissance... "

Une connaissance... Nous avions été un peu plus que ça à une époque non? Des amis, un flirt ? Un moment d'égarement. Nous avons surement bien fait de ne guère aller plus loin, de se refermer, de se renforcer derrières nos sourires et de s'éloigner. Cela évite que l'on soit blessé par les paroles de l'un envers l'autre et que l'on se trompe car, non, clairement, nous ne sommes pas des âmes-soeurs. Ami... J'aurais bien aimé dire "ami" au lieu de connaissance, mais un ami, on ne le voit pas comme opportuniste non ? Pourtant, je suis poli, courtois, respectueux, gentil... Que demandent-on de plus à un ami ?! Surtout que certains se désignent comme tels alors qu'ils passent leurs temps à se battre ou se traiter de tout les noms... Non, je suis un ami convenable et je mentirais si je ne disais pas que je ne comprends pas pourquoi Toma retient surtout le fait qu'en effet je passe le voir à la fois pour papoter et pour une petite demande...

Codage par Libella sur Graphiorum

ft. Louis Bridou

Le temps confirme l'amitié

Est-ce qu'il savait à quel point il aurait pu compter pour lui ? À quel point le savoir aussi intéressé et opportuniste le décevait à chaque fois ?
Toma prenait des libertés avec Louis qu'il n'aurait pas prises avec d'autres. Le droit de lui dire tout haut ce qu'il avait longtemps pensé tout bas. Le regarder droit dans les yeux, le provoquer par quelques phrases d'apparence anodines mais qui avaient évidemment un sens caché.
Car le nippon en avait assez d'être pris pour le gentil à qui l'on pouvait tout demander sans avoir peur du refus, sans avoir peur du rejet. Il le savait bien, après tout : trop gentil, trop empatique, trop à l'écoute. "Trop bon, trop con" comme dirait Eddy. Et ce qu'il pouvait être con, lui. S'il y avait eu un royaume de la bonne poire, il en aurait été le roi.
Et pourtant, s'il en avait tout à fait conscience, s'il se réprimandait tout seul dans son coin chaque fois qu'il acceptait une nouvelle demande, incapable de dire non sur le moment, il ne parvenait pas à évoluer, à éradiquer ce défaut qui lui pourrissait la vie. Vraiment trop con. Bien trop gentil pour ce monde de requins…
Soit. C'était ainsi. Que pouvait-il y faire, après tout ?

Certes, il faisait des efforts. Il essayait de reprendre le leadership, de faire entendre ses revendications. Crache-le morceau, c'était un moyen de mettre son interlocuteur sur la voie de ses reproches, de lui faire comprendre qu'il aurait aimé, au moins une fois dans leur relation, le rencontrer simplement pour le plaisir et non pas pour qu'il lui demande un service. Mais n'était-ce pas trop lui demander ? Tout le monde n'était pas capable d'un tel effort. L'égoïsme était ancré dans la peau.
Pourtant, lorsque Toma parcourait les traits de ce visage, lorsqu'il prêtait attention au grain fin de la peau, à l'éclat de ses iris, au léger rebond de chair que dessinaient ses pommettes… Il pensait que cela aurait pu marcher. Eux deux. Lui, Louis. Louis et lui. Il aimait son allure et son intelligence un peu trop affirmée. Il appréciait ses grands airs de bourge, ses petites manies agaçantes… C'était un personnage plaisant, qu'il avait un temps désiré.
Mais il s'était finalement rendu compte du fossé qui les séparait : lui, le gentil, le bon, l'idiot. Louis, celui qui essayait de se racheter une image de tolérance et de bienveillance, mais qui gardait au fond de son regard cette ombre révélatrice.

Il en fallut de peu pour qu'il n'attrape pas son menton, pour qu'il ne lui murmure pas "Regarde-moi dans les yeux", pour qu'il ne cherche pas à lire au fond de ses prunelles tous les secrets qui s'y cachaient, toutes les souffrances qui s'y étaient sans doute imprimées… Mais il se retint, gagné par sa pudeur, par cette timidité qui refaisait de temps à autres surfaces pour éventer ses élans de folie…

Louis était un homme intrigant. Sa rigidité, son regard droit et vide, son manque évident de franchise et de spontanéité… Toma crevait parfois d'envie de l'ouvrir, de regarder ce qu'il y avait à l'intérieur… Fouiller dans cet esprit, fouiller dans son cœur. Y découvrir des trésors cachés ou une bombe à retardement.
Il lui faisait confiance autant qu'il le craignait. Mais il l'aimait bien, au fond, Louis. Malgré les reproches, malgré la lassitude.
Toma aimait les grands personnages ; ces hommes et ces femmes – surtout ces hommes – qui se prenaient pour quelqu'un qu'ils n'étaient pas… Qui se donnaient de grands airs là où il n'y avait que de grands vides…
N'était-ce pas, au fond, ce qui l'attirait chez Eddy ? N'était-ce pas, au fond, ce qui l'avait attiré chez Louis ?
Le vide sous un tas de voileries et de masques. Le vide qu'il sentait, bien malgré lui, tout sensible qu'il était, tout attentif à la souffrance et aux besoins d'autrui.
Et lui, il cherchait à combler les abysses et finissait par y sombrer bêtement.

Toma écouta à peine l'explication de Louis ; toutes ces pensées plus sérieuses, plus profondes grouillaient dans son esprit alors qu'il le dévisageait de ce regard détaché, de ses yeux de poisson mort. Lorsqu'il se reconnecta à la réalité, l'étudiant en licence avait déjà fini. Il était fier de lui, il pensait lui avoir appris quelque chose… Et puis, il se lança dans des aveux difficiles. Aveux de faiblesse ; dire la vérité de sa venue, de ses salutations bien trop habiles pour être sincères.
Et le nippon ne le quitta pas des yeux, semblant particulièrement attentif mais étant, en réalité, à mille kilomètres de saisir sa demande… Le temps que les pensées se dissipent, que l'information lui revienne…
Et soudain…

━ Remonter les bretelles, dit-il enfin. C'est remonter les bretelles la bonne expression.

Il eut cette petite lueur de fierté au fond du regard ; celle qui voulait dire "c'est moi qui ai trouvé". Mais en découvrant l'air tout à fait circonspect de son interlocuteur, son sourire s'effaça et le sérieux de la conversation lui sauta en plein visage. Il laissa échapper un petit soupir en réalisant ce qui venait d'être demandé, et haussa faiblement les épaules :

━ Je n'en ai pas le temps, Louis. Enfin, réfléchis ; j'ai un boulot maintenant. Je ne suis normalement pas censé donner des cours particuliers.

Venait-il de dire non ?
Cette réalité l'effraya. Il avait refusé. Le rouge lui mordit les joues, un sentiment de malaise profond roula comme une bille de plomb au fond de son estomac et lui serra la gorge comme un étau. La culpabilité n'était jamais loin après une réponse négative. Soudain, Toma se sentit égoïste ; il s'en voulait. Le ton contrit de Louis lui revint en mémoire ; cette voix avec laquelle il venait de lui avouer ses difficultés… Il savait ô combien ce n'était pas facile pour lui, de demander de l'aide. Et voilà qu'il brisait cet effort, qu'il ne se montrait pas encourageant !

Terrassé par la faute commise, il baissa les yeux sur ses chaussures et se mit à trafiquer du bout des doigts les articulations de sa prothèse… Ne cède pas, ne cède pas…

━ O-Ou alors seulement quelques cours. Chez moi. Une seule fois par semaine, le Vendredi soir ou le week-end. Je ne peux pas plus.

Le regard qu'il releva sur son visage n'était autre que celui de la défaite.
Il venait de perdre cet énième bras de fer.

EPSILON

Le temps confirme l'amitié.

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C'était bien cela. Tirer les oreilles et remonter les bretelles. Il semble fière de l'avoir trouvé, tel un chiot qui rapporte sa balle pour jouer. Cela me remémore bien des souvenirs et le pourquoi j'avais espéré, un instant, qu'il soit ma moitié. Toma, c'était vraiment le type bien. Il n'y avait pas une personne, à l'époque, qui ne le connaissait pas ou qui ne le considérer pas comme un ami. Souriant et amicale. Un parfait exemple pour moi mais malgré mes efforts, mon attention a ne pas froisser mes interlocuteurs et mes propres sourires, je n'ai pas ce petit plus qu'il dégage... Pourquoi... ? Qu'est-ce que j’oublie ?

Cela avait été court, cela avait été bref, je ne saurais même pas dire quand cela à commencé ni quand cela à fini mais se serait mentir que de dire que cela ne m'avait pas fait du bien. Le bien d'être l'attention de quelqu'un. Une attention douce, honnête, joyeuse. Une attention sincère, sans contrepartie réclamé. Que l'on ne s'égare pas, j'ai de l'attention, surtout celle de mes parents mais... C'est celle de mes parents... Elle est bien moins douce.... Bien moins honnête.. Je ne parlerais pas non plus de celle de mes collègues, de mes professeurs, ou des autres élèves. L'attention ne va guère plus loin que la curiosité sur mes tics, l'attention que je mets à mon apparence ou mes facilités en cours. Qu'ils se trompent d'ailleurs, c'est loin d'être de la facilité. C'est beaucoup d'heure de travail, énormément de travail. C'est du temps, seul, en bibliothèque ou dans ma chambre à répété les sorts, encore et encore, jusqu'à en avoir les jointures des doigts douloureuses pendant que les autres rient et s'amusent dans la pièce commune des Chapardents. J'avais essayé, une fois, de les rejoindre plutôt que de m'entrainer mais l'essai n'avait pas été concluant. Je n'avais pas réussi à me fondre dans le groupe malgré mes sourires. Je ne comprends pas pourquoi je galère autant quand Toma, d'un sourire, recueille des rires, des invitations, des amis... Je l'envie.

Mais.... Est-ce un non ? Je le fixe longuement. Je ne sais pas ce qui me choque le plus, qu'il refuse ma demande qui n'est pas si compliqué ou que j'ai littéralement "craché le morceau" pour obtenir un échec flagrant. La première n'est pas si mal, Toma a toujours été trop gentil, c'est bien si maintenant il arrive a prendre un peu plus de distance avec les demandes des autres, mais était-il obligé de le faire là, maintenant ?! Mon regard ne le quitte pas et mon sourire poli s'abaisse légèrement malgré mon effort de ne pas vouloir lui donner le plaisir de me voir déçus. J'ai les dents qui se serrent, le poing, caché dans mon dos, qui se forme jusqu'à enfoncer mes ongles parfaitement limés dans la chaire de ma paume. Voilà pourquoi on ne demande pas d'aide chez les Bridou. Parce que c'est s'abaisser à être piétiné par les refus. C'est admettre avoir une faiblesse sur laquelle la personne va mettre le doigt, l'enfoncer et en rire. J'aurais du lui dire simplement félicitation et repartir.

Loin de me rassurer, le reste de ses paroles me donnèrent l’effet d'un crachat au visage. Il changeait d'avis ? Par pitié peut être ? Ce regard perdant qu'il me lançait, comme si il n'avait pas d'autre choix que d'accepté pour ne pas se sentir mal.... Est-ce que ma demande avait été à ce point considéré comme misérable ?! Cracher le morceau hein...Plus. Jamais. Je préfère encore même sacrifié le peu de temps de loisir que j'ai pour me concentrer d'avantage que subir encore une telle humiliation. Et encore, je devrais surement être heureux que mes parents n'en ai pas été témoins. Heureux que cela a été Toma et pas un autre. Au besoin, je veillerais à trouver une faille dans le règlement si il le faut pour tester la pratique réel de soins auprès des créatures magiques sans son aide. Je sais qu'il y à de nombreuses créatures aux alentours et si, normalement, nous n'avons pas le droits de s'en approcher sans la présence ou l’accord d'un Professeur, il y a surement des exceptions à exploiter. Je me débrouillerais seul, quitte à être sali. Seul, quitte à en subir quelques morsures et griffures. Oui, je me débrouillerais seul comme je l'ai toujours fait.

Je prends une inspiration. L'apparence Louis.... Il ne faut jamais oublier les apparences. Ne jamais donner le plaisir de voir ce que tu ne veux montrer. Je glisse de nouveau mon sourire de façade et m'incline légèrement.

"Je comprends que vous soyez occupé Professeur et je vous remercie d'avoir pris le temps d'écouter ma demande. Je m'en voudrais d’accaparer vos vendredis soir ou votre week-end que vous préférerez surement passer avec votre compagnon. Par ailleurs, j'ai surement pris un peu trop de votre temps, je vais donc vous laisser et prendre congé."

Codage par Libella sur Graphiorum

ft. Louis Bridou

Le temps confirme l'amitié

Toma s’était souvent interrogé sur cette peur constante de la négation. Après tout, c’était une très mauvaise habitude, une bêtise : comment pouvait-il se montrer aussi réticent à exprimer un simple refus ? C’était son droit : rien ni personne ne pouvait trouver à y redire. Mais lui, ça le terrifiait. Il y avait toujours cette retenue, toujours cet effort du oui incontournable au détour de ses conversations… Comme une petite voix qui lui déconseillait d’exprimer son désaccord, d’avouer une faiblesse momentanée ou une indisponibilité problématique qui, à ses yeux, le marqueraient irrémédiablement au fer rouge.
Mais d’où venait-elle, cette obligation de dire « oui » à tout bout de champ ?
En cherchant bien, il avait réussi à remonter la piste d’une peur plus profonde, plus mauvaise… Une crainte perverse qui le tenait prisonnier de sa propre image et de l’idée que les autres avaient de lui-même. La peur du rejet, celle d’être détesté, d’être considéré comme un mauvais ami. Au fond, la peur de déplaire, de se retrouver seul et oublié de tous. Rationnellement, une telle chose ne pourrait pas se produire simplement après avoir dit « non ». Il en faudrait bien plus. Mais au quotidien, le pragmatisme lui manquait souvent et le poussait à une paranoïa toxique ; la terreur de décevoir.

Les racines de cette quasi-phobie se nourrissaient des traumatismes de l’enfance et de l’adolescence. Il se rappelait ses journées passées seul dans son coin, et des seuls échanges qu’il avait avec les autres, pavés d’insultes et de moqueries… Dans ces moments, la piètre image qu’il avait toujours eu de lui-même s’imposait comme une honte poisseuse. Toma ne se trouvait pas beau. Toma ne se trouvait pas intéressant. Toma se trouvait profondément ennuyeux et pathétique. Ces deux dernières années n’avaient fait qu’accroître ces pensées nocives qui le piquaient là où cela faisait mal.
J’aimerais être quelqu’un d’autre, idée fixe et lancinante qui se répétait inlassablement les jours gris où il se sentait mal dans sa peau, dans ce corps qu'il peinait à accepter. Il était persuadé de l'universalité de son image. C’était comme cela qu’on le voyait, et pas autrement. Comme ce garçon trop bouffi, trop laid, tout estropié, qui n’avait pas la lumière à tous les étages… Bien sûr, il n’en était rien. Seulement, tous ceux qui avaient essayé de l’en persuader n’avaient jamais eu droit l’attention qu’il accordait à d’autres, pourtant bien moins estimables.
Toma avait l’art de s’entourer de personnes toxiques, et de les aimer à la folie. Eddy faisait partie de ces figures chéries qui l’aidaient à creuser son trou avant de jeter la terre sur lui.
Pas assez lucide pour en avoir conscience ; trop aveuglé pour considérer ce manège d’un œil éclairé.

Et, écrasé par cette mauvaise estime de lui-même, le jeune homme pensait que se montrer bienveillant, toujours à l’écoute, toujours serviable et gentil, l’aiderait à conserver ses liaisons amicales… À faire bonne figure. Il n’avait pas conscience de l’effet radicalement opposé de cette stratégie, de l’image trop placide, trop facile qu’elle tissait dans l’imaginaire des autres… Une invitation à le tromper, à profiter de ses services sans lui en rendre le dixième.
Et c’était comme cela qu’il aboutissait à de telles situations : l’impression de n’être qu’une bonne-poire aux yeux des autres – impression qui, par ailleurs, était assez véridique – et de n’exister que pour leur servir de bouche-trou ou d’homme à tout faire.

Le nippon sentit sa gorge se serrer douloureusement, et le sourire contrarié de Louis n’arrangea rien à son mal-être. Il connaissait bien ce regard dur, ce ton rêche qui faisait toujours l’effet d’une douche froide. Un soupir désemparé franchit la barrière tremblante de ses lèvres, et il n’eut que le temps d’attraper doucement le poignet de son ami pour le retenir et tenter d’apaiser sa colère froide.  Sauver à tout prix les apparences ; ne pas terminer la conversation sur une finalité aussi préoccupante. Redevenir le Toma serviable, le Toma souriant et gentil que tout le monde appréciait, et se sentir bien… Ne pas se sentir coupable…

━ L-Lou, attends… Louis… balbutia-t-il sur un ton qui rappelait vaguement les litanies larmoyantes des chants religieux du Moyen-Âge. A-Attends. Le prend pas comme ça. J'aimerais que tu comprennes…

Ses réflexes naturels avaient voulu que ce soit sa main droite qui saisisse ainsi le poignet du Chadargent. Il fixa avec une surprise écœurée les doigts prothétiques qui enserraient la peau bien vivante du garçon, la faisant doucement blanchir sous la force de l'étreinte qu'il desserra non sans mal, laissant retomber son bras factice le long de son corps, écrasé par le sentiment de la faute commise.

━ Pardon, c'est… Je… Écoute. Je veux vraiment t'aider ; viens quand tu veux dans la semaine… J'habite dans les quartiers du personnel ; tu me trouveras facilement. Et s'il-te-plaît… Pas de Monsieur, pas de vouvoiement. Pas entre nous.

L'appréhension lui donnait presque la nausée et relançait la machine infernale du stress qui semblait broyer ses intestins. Il espérait du fond du cœur que Louis mettrait pour une fois sa fierté maladive de côté et accepterait ses excuses.

EPSILON

Le temps confirme l'amitié.

-*-

Ce n'est pas une main ferme et chaude qui attrapa mon poignet, mais une prothèse dure, froide, douloureuse. Cherche-t-il à me briser le corps maintenant qu'il a écraser sous son talon ma demande d'aide ? Toma avait-il changé à ce point depuis son accident ? Peut-être pas. Le "Lou" qu'il emploie et son bégaiement me font hésiter. Peut-être qu'il se donne juste des airs pour avoir l'air d'un Professeur honorable ? Toma n'avait pas besoin de cela. Certes, il était parfois bien trop serviable et gentil pour son bien mais il avait ce charisme qui en faisait un modèle, qui en faisait quelqu'un que l'on suit, que l'on écoute et que l'on respecte. Non, il n'avait vraiment pas besoin de se faire une armure aussi glacée pour quelque chose qu'il possédait déjà en grande partie.

Je ne dis rien quand il s'en rends compte, libérant mon membre blanchis par sa poigne. Je l'en laisse s'excuser et s'évertuer à trouver un compromis. J'en suis assez mitigé, tiraillé d'un côté par ma fierté que je lui ai mise à nue mais qu'il a balayé d'un revers de main et le besoin d'approfondir mes connaissances envers les soins aux créatures magiques. Je pourrais peut-être dire aussi que c'est un plaisir tout de même d'étudier avec lui de nouveau mais je ne suis pas sûr que cela soit le mots qui convienne. Ce serait utile, oui, reposant, surement, voir même agréable et divertissant... Mais j'ai toujours du mal avec cette notion de "plaisir". Je n'ai jamais compris exactement ce que lui, comme les autres, voulait dire par ça. "État de contentement que crée chez quelqu'un la satisfaction d'une tendance, d'un besoin, d'un désir" disait les dictionnaires mais... Quel tendance ? Quel besoin ? Quel désir ?! Et surtout quel état de contentement ?! C'était si peu détaillé que cette définition était totalement inutile. Par ailleurs, étrangement, ce mot était utilisé à toute les sauces dans la politesse. Qui n'a jamais usé d'un "avec plaisir" à la suite d'une question alors qu'en vérité, ce n'est pas le cas ?! Alors oui, c'est vrai, je pourrais m'en servir et lui dire que c'était avec plaisir finalement que je passerais le voir dans les quartiers du personnel... Mais non. Si il avait osé dire non à ma demande -avant de se rétracter-, je pouvais peut-être éviter le langage poli mais menteur de la haute société.

"Je comprends votre... hum... Ton besoin de repos entre les cours et je ne peux moi-même pas délaisser de trop mes entrainements et autres matières à étudier pour celle-là, voyons donc pour un entre-deux. Deux Vendredi soirs par mois te parait-il convenable ?"

Le très léger temps d'un instant et je rajoute, un poil plus rapidement que mes paroles habituels, toujours avec ce regard vide et ce sourire mécanique bien trop habitué à vivre sur ma face :

"Tu as prit de la poigne."

C'est.... Une tentative d'humour. Sa poigne de fer. Avoir une poigne de fer....

Si elle ne fonctionne pas, il peut la prendre au premier degrés, cela marchera aussi. Bien que comme c'est un peu ma façon d'accepter ses excuses et de repartir d'un bon point, cela m’ennuierait qu'il ne l'a comprenne pas. Et puis, c'est lui qui me disais de me "décoincer" non ?

Mais quel mauvais calcul... Statistiquement, je parierais qu'il va pas reconnaitre la perche dans son état entre culpabilité et son besoin de dire "non" pour paraitre "Prof". Pourquoi l'avoir tenté... C'est plutôt un risque de me faire brimer...

Non... Cela va passer... D'une manière ou d'une autre, je retournerais la situation. Les Bridou, ça s'adapte à tout.

Codage par Libella sur Graphiorum

ft. Louis Bridou

Le temps confirme l'amitié

Il avait senti ses doigts de métal s'enfoncer dans sa peau… La tiédeur de celle-ci, le palpitement du cœur dans les veines… Et tout ceci ne l'avait pas empêché de serrer, serrer plus fort qu'il n'aurait dû. Toma observa la marque blanche qu'il avait laissée sur l'épiderme… Peu à peu, elle rougissait, à la limite de prendre une teinte violacée qui annonçait la naissance d'une trace qu'il garderait les prochains jours.
Il n'avait pas voulu lui faire mal ; il avait agi sous le coup de l'émotion ; il n'avait pas fait attention. La force de sa prothèse lui était encore inconnue… S'il sentait la texture de la peau, la température de son corps, il ne mesurait pas encore l'impact de ses étreintes. C'était des sensations lointaines, presque inaccessibles… Des ressentis particulièrement ténus, sourds, qu'il apprenait à réapprivoiser. S'il lui semblait faire des progrès, ces longs mois de travail n'avaient pas été suffisants pour lui donner l'illusion d'avoir une vraie main. Et il savait, tout au fond de lui, qu'il n'aurait certainement jamais cette chance.

Lentement, il ouvrit et referma ses doigts factices sur le vide. Les extrémités de son index et de son majeur effleurèrent la peau avec douceur… Un geste de pardon, presque insoupçonnable, pour lui comme pour Louis…
Puis il accrocha son regard, et esquissa un sourire désolé, qui criait son sentiment de culpabilité et demandait pardon.
Toma lisait dans les prunelles fières de son ami le désir de ne pas capituler, de préserver sa superbe, de s'arrêter à l'outrage… Mais l'orgueil était contrebalancé par les sentiments, et il fut rassuré de voir ces derniers triompher du dilemme. Aussi acquiesça-t-il vivement, content de la proposition, content aussi de sentir un peu d'empathie de la part de Louis. Enfin, il se mettait à sa place :

━ C'est très bien, deux vendredi soirs par mois… dit-il avec un beau sourire. Ça me va parfaitement. E-Et si tu veux je te donnerai des exercices et des éléments à réviser d'une séance à l'autre pour que tu continues d'étudier de ton côté.

C'était un excellent compromis. Cela lui laissait du temps pour se reposer deux fois par mois… Et les vendredis restants, Toma serait très heureux de revoir Louis et de lui offrir un peu de son aide. Le jeune homme lui apportait un certain réconfort, malgré sa rigidité souvent trop prononcée. Il aimait ses regards, il aimait ses rares sourires, sa voix apaisante et son écoute attentive. Louis, c'était un très bon ami qu'il ne voulait pas perdre, même s'il lui trouvait parfois quelques défauts, tel que son goût trop prononcé pour l'opportunisme, ou sa fierté démesurée.
Mais, malgré tout, le nippon gardait un souvenir doucereux des moments passés ensemble. Louis avait ce petit quelque chose d'agréable, d'attirant qui lui avait fait croire à de l'amour les premières fois, mais qui n'était autre, finalement, qu'un attachement naturel qui les unissait.
Et ces petites touches d'humour… Elles ne manquaient jamais d'égayer leurs rencontres.
Toma se mit à rire, le rouge mordant discrètement ses pommettes. De la poigne, n'est-ce pas…? Il passa sa main gauche dans ses cheveux, et finit par laisser échapper un petit soupir.

━ Je ne maîtrise pas tout, excuse-moi. Je ne voulais vraiment pas te faire mal… Je n'ai même pas vu que j'avais serré aussi fort. Il glissa délicatement sa prothèse dans sa main, observa leurs "doigts" quelques instants entremêlés. La vérité c'est que je n'arrive pas à m'y faire. Et je ne sais pas si j'y arriverai un jour. Ça me terrifie, ce manque incessant.

Toma libéra la main de Louis, non sans une pointe d'amertume. Son cœur se serra douloureusement ; il se sentait soudain bien vide, bien insignifiant face à toutes ces épreuves qui l'attendaient. Un profond besoin d'affection prenait possession de son corps et de son moral : il rêvait d'une étreinte, d'un signe, d'un simple sourire, de mots rassurants. Dans la poche de sa robe, tout contre sa cuisse, il sentait le métal froid de son portable, le silence abyssal d'Eddy, et la souffrance psychologique qui se ravivait et devenait insupportable.
Mais tout cela, il préférait le garder pour lui, trop pudique – peut-être un peu fier, lui aussi – pour avouer qu'il allait mal, et qu'il avait juste besoin de compagnie. Le nippon secoua doucement la tête, comme pour chasser toutes ces pensées embarrassantes, toutes ces phrases défaites qui voulaient sortir, se libérer de leur prison mentale :

━ Pardon. Je ne sais pas pourquoi je te dis tout ça. Après tout, tu ne peux pas vraiment comprendre.

C'était dit sans agressivité ; seulement avec lassitude. Un peu d'aigreur aussi. L'impression d'être seul au monde, de ne pas avoir d'oreille à qui se confier.
Il s'approcha néanmoins de Louis, et colla un petit baiser sur sa joue, avant de tapoter son épaule de sa main gauche :

━ Merci Lou. D'être venu me féliciter, et d'essayer de me soutenir en te mettant à ma place. Je sais que ce n'est pas facile pour toi, et ça me touche beaucoup. J'aimerais qu'on reste de bons amis, tu sais ? Vraiment. Car tu comptes beaucoup à mes yeux.

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*Tableau inventaire*	1
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*Tableau des sortilèges (ordre alphabétique SVP)*
1	Accio
2	Allohomora
3	Aparecium
4	Brachialigo
5	Expelliarmus
6	Expulso
7	Lumos
8	Nox
9	Oubliette
10	Recurvite
11	Reparum
12	Riddikulus
13	Stupefix
14	Wingardium Leviosa
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*Tableau des potions (ordre alphabétique SVP)*
1	Herbicide
2	Philtre de confusion
3	Potion d'aiguise-méninges
4	Potion d’amnésie
5	Potion d'Enflure
6	Potion de ratatinage
7	Philtre de Paix
8	Potion anti-feu
9	Potion Oculus
10	Potion exstimulo
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*Tableau inventaire*	1
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Nom de la potion	Nom de la potion
Nom de la potion	Nom de la potion
Nom de la potion	Nom de la potion
Nom de la potion	Nom de la potion
Nom de la potion	Nom de la potion

*Tableau des sortilèges (ordre alphabétique SVP)*
1	Accio
2	Allohomora
3	Aparecium
4	Brachialigo
5	Expelliarmus
6	Expulso
7	Lumos
8	Nox
9	Oubliette
10	Recurvite
11	Reparum
12	Riddikulus
13	Stupefix
14	Wingardium Leviosa
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