Ah, fichu cocktail. Malgré son aspect tout à fait dégoûtant, son goût est délicieux, tant que c'est un vrai "reviens-y". Ainsi, Rowann en aspire de longues gorgées, appréciant les saveurs mentholées et citronnées envahissant son palais. Sur le moment, il n'a absolument aucunement conscience de l'effet que la boisson produira très rapidement sur son corps, alors il se régale sans aucune crainte. Il lève d'ailleurs bien vite les yeux de son verre afin de regarder Jean-Loup, qui semble vouloir lui dire quelque chose. Quelque chose qu'il ne désire visiblement partager qu'avec lui, parce qu'il baisse soudain le ton en s'approchant un peu de lui. Et la question qui franchit finalement la barrière de ses lèvres étonne tellement Rowann qu'il manque d'avaler sa boisson de travers. Quand a-t-il su qu'il était un homme ?! Pire, quand en est-il devenu hein ? Jean-Loup est-il seulement sérieux ou se paie-t-il sa tête ? Venant de Liang-Xue, ce genre de question ne l'aurait pas tant étonné, puisque son ami a toujours été relativement à l'aise sur le sujet. Mais Jean-Loup ? Le si pudique Jean-Loup ?! Jamais de sa vie il n'aurait pensé un seul instant parler de choses si intimes avec son ami d'enfance. Entre eux, il y a toujours eu cette drôle de pudeur que Rowann lui-même ne saurait vraiment expliquer. Peut-être parce qu'il a connu Jean-Loup il y a longtemps, bien avant qu'il ne devienne le jeune homme assis en face de lui…? Difficile à dire, mais toujours est-il que son ami le prend totalement de cours. Ainsi essaie-t-il de noyer le poisson en proposant tout simplement au québécois de venir goûter sa boisson. C'est lâche oui, vraiment très lâche mais … Lui parler de cela alors que sa vie amoureuse est au point mort au point de le plonger souvent dans des états dépressifs, ce n'est vraiment pas le bon plan. Surtout s'ils veulent pouvoir passer une petite soirée tranquille entre amis, comme ils n'en ont, au final, jamais fait rien que tous les deux. Et .. Rowann doit bien avouer que cela lui fait vraiment plaisir. La simple idée que Jean-Loup ait pensé à lui pour cette soirée fait doucement frissonner son petit cœur sensible. Ah, l'adolescence. Rowann a pourtant dix-huit ans déjà, mais jamais encore la volonté d'être aimé et désiré par quelqu'un n'a été aussi forte. Il lui tarde sincèrement de trouver la bonne personne … - et qui sait, peut-être est-elle juste sous son nez depuis un moment maintenant …?

Tandis que Jean-Loup rapproche sa chaise de celle de Rowann pour venir goûter à son cocktail, le Célénor sent un fou rire remonter le long de son ventre. Il ne sait pas pourquoi, ni comment, mais le voilà pris de rires incontrôlables, venus du plus profond de son estomac. Bientôt, des larmes perlent aux coins de ses yeux, tandis que ses côtes commencent à le faire souffrir. Pour sûr qu'un tel fou rire n'est pas naturel, et surtout pas venant de Rowann. Pas qu'il est totalement dénué d'humour mais … disons qu'il n'est jamais celui qui se tort de rire pour tout et n'importe quoi. D'autant que là, absolument rien n'explique son hilarité - et s'il essaie de comprendre ce qui lui arrive, ses propres rires l'empêchent de réfléchir correctement. De son côté, Jean-Loup vient de prendre sa première gorgée … avant d'éclater de rire à son tour. Ah, voilà donc le responsable…! Rowann a beau vouloir agir, il perd bien vite son souffle et se retrouve à respirer aussi profondément qu'il le peut entre deux rires, offrant un piteux spectacle. Il ressemblerait presque à un fou, à avaler l'air pour aussitôt le recracher dans ses rires. Et tandis qu'il tente vainement de calmer cette hilarité, il sent la main de Jean-Loup saisir son bras, juste avant qu'il ne renverse entièrement le verre du Célénor sur la table. Ce qui ne fait qu'augmenter les ricanements de ce dernier, déjà plié en deux et incapable de se calmer. Mais voilà que Jean-Loup glisse de sa chaise, percute la table et renverse la deuxième boisson, qui ne tarde pas à rejoindre l'autre au sol. Quel enchaînement de maladresse, auquel Rowann ne peut que rire bêtement, bien incapable de faire quoi que ce soit d'autre. Il s'apprête cependant à tendre une main à Jean-Loup pour l'aider à se relever lorsque ce dernier s'accroche à son hoodie … et l'emmène au sol avec lui ! C'est presque si le Célénor ne tombe pas littéralement dans les bras du Dandeloup. Ça aurait presque pu être un peu romantique … s'ils n'étaient pas affublés de costume ridicule et littéralement tordu de rire.

La respiration sifflante entre ses ricanements, Rowann tente de se redresser, sans vraiment y parvenir. Ses côtes sont trop douloureuses pour lui permettre de faire quoi que ce soit, si ce n'est rester bêtement collé à Jean-Loup. Et lui, entre deux rires, bafouille des phrases que Rowann entend à peine. Si ce n'est la proposition de rouler ensemble sous la table. Mais quelle idée…! Et pourtant, le Célénor est le premier à basculer tout le poids de son corps sur le côté, rampant presque sur les pavés du Merlin pour se glisser sous la nappe, à l'abri des regards. Evidemment, il y fait bien sombre là-dessous, et le jeune homme en vient à redouter les monstruosités qu'il pourrait s'y trouver. Il n'a peur ni des monstres ni des insectes, mais à en juger par le reste de la décoration, il ne serait pas étonnant qu'il se retrouve nez à nez avec un crâne ou une fausse cervelle sanguinolente. Heureusement, petit à petit, ses rires semblent s'apaiser. Comme un hoquet, ils s'espacent et le secoue de moins en moins, lui permettant de respirer plus librement. Dans sa pénombre, il cherche la main de Jean-Loup et attrape plutôt son genou - s'il le serre un peu, il se contente de laisser sa main sur sa cuisse, tandis qu'il se remet lentement mais sûrement de ses émotions.

▬ J-J'en peux plus … saleté de cocktail… C'sa faute, j'en suis sûr … oh merde, quelle connerie…!

Du revers de sa main libre, il essuie ses larmes d'hilarité puis la pose sur sa poitrine, la massant doucement comme pour dégager ses bronches. Il n'a aucune idée de l'utilité de cette manœuvre, mais qu'importe : Rowann sait que ça a tendance à le soulager, alors il n'hésite pas. Il entend alors quelques personnes râlées sur les cocktails renversés, puis le serveur promettre de revenir rapidement avec une serpillère pour arranger tout ça. Aaah, c'est qu'ils ont mis une sacrée pagaille, mine de rien … Mais tout ça, c'est la faute du cocktail, après tout ! Ils n'ont qu'à pas servir des trucs pareils….! D'ailleurs, les questions étranges de Jean-Loup puisent-elles leur origine dans sa propre boisson…? Ce ne serait pas étonnant, étant donné l'effet du sien. Ah, ils doivent se croire drôles les barmen du Merlin ! Quand Rowann ira mieux, il aura peut-être leur parler un peu du pays. Parce que franchement, ce n'est pas drôle comme blague. Une crise de rire sur un asthmatique, c'est passible de la tentative de meurtre…!

▬ Dis …? Les questions que tu m'as posé, tu les pensais vraiment ou c'était ton cocktail ? Puis approche-toi un peu, j'te vois pas ! C'est ton épaule, là..?

Plutôt que l'épaule, c'est la joue du jeune Richemond qu'il effleure du bout des doigts, puis ses cheveux. Mais Rowann étant bien incapable d'y voir correctement, il balade ses mains un peu partout sur son ami, de son torse à ses cuisses, comme s'il essayait de se le présenter dans l'espace par son seul sens du toucher. Heureusement que personne ne les voit en ce moment, car tout pourrait porter à confusion.

▬ J't'ai pas dit mais ça m'a fait plaisir que tu penses à moi pour ce soir. Merci beaucoup. Je sais pas comment mieux te remercier. Un câlin, peut-être ..? Tu aimes tellement ça, toi. Moi aussi, en fait. Alors, tu veux bien ..?